AQR harmonisée pour Campylobacter

Vers une harmonisation européenne des évaluations du risque associé à Campylobacter ?

Le risque associé à Campylobacter dans la viande poulet pourrait être évalué à partir de données réglementaires de surveillance.

Les modèles d'appréciation quantitative du risque microbien peuvent être utilisés pour orienter des actions correctives fondées sur des preuves afin de réduire le risque. Depuis l'instauration d'un critère d'hygiène des procédés relatif à Campylobacter sur les carcasses de poulets, des données de contamination de Campylobacter sont collectées au sein de chaque abattoir français sur les peaux de cou afin d'évaluer d'éventuelles non-conformités. Ces données de surveillance sont actuellement utilisées pour mettre de place des actions d'atténuation du risque à l'échelle individuelle des abattoirs faisant l’objet de non-conformités. Un modèle d'évaluation quantitative du risque alimenté par les données de l'ensemble des abattoirs nationaux donnerait la possibilité de conduire des actions à l'échelle nationale voire à l'échelle européenne. L'enjeu réside donc dans le développement d'un modèle qui pourrait permettre une harmonisation de l'évaluation des risques associés à Campylobacter en Europe.
Les résultats de dénombrement provenant d’échantillons regroupés de peaux de cou collectés en France conformément au Règlement (UE) 2017/1495 ont été utilisés dans un modèle d'évaluation quantitative du risque microbien. Celui-ci était initialement utilisé au Danemark dans son plan de lutte contre Campylobacter, à partir de données de contamination issues d’échantillons individuels de peaux de cuisse. Un facteur a été créé pour transformer les concentrations en Campylobacter issues d’échantillons de peaux de cou regroupés, en concentrations qu’on pourrait s’attendre à avoir sur les mêmes carcasses si elles avaient été mesurées sur des échantillons individuels de peaux de cuisse.
Un risque relatif de campylobactériose en 2021 a été estimé à 1,22 par rapport à 2020, prise comme année de référence, indiquant une augmentation du risque d'environ 22 %. L’impact de la valeur estimée du facteur de conversion, de la méthode d'échantillonnage aléatoire utilisée et des données censurées, est apparu limité sur les estimations de risque relatif annuel. Les limitations et les atouts à l'utilisation de résultats issus d’échantillons de peaux de cou regroupés collectés au sein des abattoirs ont été analysés.
Cette étude constitue une preuve de concept à l'utilisation des données de contamination de Campylobacter conformément au Règlement (UE) 2017/1495 dans un modèle d’évaluation quantitative des risques. Cette étude pourrait alors ouvrir la voie à l'application d'une évaluation standardisée du risque lié à Campylobacter dans la viande de poulet, de communication et d’actions de contrôle basées sur le risque à travers les filières de viande de volaille européennes en utilisant les résultats d’autocontrôles basées sur des échantillons de peaux de cou regroupés.


Publication associée :
Lauriau, F., M. Nauta, N. Haddad, S. Strubbia, J.-M. Cappelier, M. Sandberg, S. Guillou and A. Foddai 2024. Harmonizing Campylobacter risk assessments across European countries – can the pooled process hygiene criteria data be used in the Danish risk assessment model? Microbial Risk Analysis 27-28: 100325. https://doi.org/10.1016/j.mran.2024.100325.


Partenaires scientifiques :
Technical University of Denmark (DTU), Kongens Lyngby – Denmark
Statens Serum Institut, Copenhagen – Denmark